Pierre va avoir 50 ans. Tout un choc pour ce canadien de Montréal, bientôt mi-centenaire. Assez loin des frasques de sa jeunesse, plus près de ses prestations de vieillesse.
Son dilemme: noyer seul sa peine dans les bulles d’une bouteille de champagne ou patauger avec ses proches dans les bulles d’une… machine à bulles!
Il fait donc des recherches sur le web, trouve la machine rêvée aux États-Unis et passe commande. Un doux caprice d’environ 700$US, toutes bulles incluses.
Seul problème technique: le vendeur américain ne livre que sur le sol américain. Cette situation prévaut d’ailleurs très souvent au pays de l’Oncle Sam.
Réexpédition des bulles
Heureusement, Pierre a une solution. Depuis plusieurs années, sa société américaine a son domicile dans les bureaux de CorpoMax, dans l’État du Delaware. Celle-ci bénéficie donc d’un service de réexpédition de colis par transporteur spécialisé, n’importe où dans le monde.
Pierre m’avertit donc de l’arrivée prochaine de son dispendieux jouet. À mon étonnement sur le motif d’un tel achat, il répond candidement: «Je veux franchir le cap de la cinquantaine en me remémorant l’insouciance de ma jeunesse».
Je devine donc qu’assez tôt dans la vie, Pierre a dû plonger dans les bulles de son verre peu après avoir émergé des bulles de son bain.
Il me prévient: CorpoMax doit lui réexpédier la machine sur réception, car son basculement dans la dernière partie de son existence se veut prochain. Que ne ferais-je pour garder un client heureux?
Dès le lendemain, CorpoMax reçoit la manufacture à bulles… écartelée en quatre colis. Ma fille Véronique, qui vit l’inconscient bonheur de m’avoir comme patron, s’affaire donc à préparer les bordereaux de livraison et les apposer solidement sur les boîtes brunes. Tous les bordereaux portent le même numéro de suivi, mais sont identifiés individuellement (1 de 4, 2 de 4, etc.). Puis les boîtes sont immédiatement acheminées à Pierre, qui acquitte préalablement les frais de réexpédition de 300$.
Boîte fugueuse
Peu avant son changement de décennie, Pierre reçoit toutes les boîtes, sauf une: celle qui contient le propulseur de bulles. En d’autres mots, un ventilateur-expirateur dont l’unique mission sur terre est de diffuser sans retenue des milliers de bulles à la transparence visqueuse. Pierre me téléphone, dans un état de panique nullement imperceptible: «Il manque un morceau essentiel!»
Véronique se met activement à la recherche de la boîte égarée. Elle téléphone plusieurs fois au transporteur, lui envoie moult courriels, lui faxe la facture d’achat, lui envoie une photo de la machine et de ses composantes. Pas sûr qu’un enfant disparu aurait reçu autant d’attention…
Problèmes
Premier problème: chez le transporteur, rien ne ressemble plus à une boîte brune sans identification qu’une autre boîte brune tout aussi nue. Par conséquent, si le bordereau de livraison a été arraché durant sa manutention par les employés du transporteur, il est pratiquement impossible d’identifier l’objet essentiel à l’expulsion des bulles. Ou du moins le lien entre l’objet et son destinataire.
Second problème: pour fins de remboursement de l’objet égaré, comment fixer son prix quand il ne se vend pas individuellement, puisque faisant partie d’un tout?
Solution
Face à ces profondes questions existentielles et à l’inexorable écoulement du temps, Pierre ne plonge nullement son désarroi dans de blondes bulles alcoolisées. Il loue plutôt une machine à bulles au Canada. Évidemment, comme tous le savent, les bulles canadiennes sont beaucoup moins grosses que leurs homologues américaines. Malgré tout, le passage de Pierre sur l’autre versant de sa vie est quand même réussi.
Enfin!
Pendant des mois, le transporteur fautif cherche l’expirateur fugueur. Puis, Véronique reçoit un appel: «On l’a trouvé!». Le dernier élément du quatuor est finalement expédié au nouveau quinquagénaire.
La leçon
Depuis 2001, CorpoMax livre ses classeurs corporatifs et les colis de ses clients dans plus de 50 pays via transporteur spécialisé.
Malgré notre longue expérience, cette savoureuse aventure nous a servi de leçon.
Désormais, en plus du bordereau de livraison apposé sur la boîte, une copie de celui-ci est insérée dans la boîte elle-même. Ainsi, il est beaucoup plus facile d’identifier le destinataire de la boîte en cas d’enlèvement involontaire de toute identification extérieure.
Merci Véronique pour cette brillante idée!
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