C’est un dimanche d’été. Il fait beau et chaud. Très chaud même. Une chaleur torride. Des amis québécois, installés au Delaware, nous ont invités à passer la journée avec eux. Programme épuisant en perspective: piscine et barbecue!
Trouver leur maison n’est pas particulièrement difficile. Dans un nouveau quartier de maisons de luxe (style cottage, garage double, immense terrain, etc.), une seule possède une piscine: celle de nos amis! Étrange…
Piscine
Au Delaware, il n’y a que très peu de piscines creusées et à peu près pas de piscines hors-terre.
Je demande à un Américain la raison de cet état de chose:
« Il y a deux principaux motifs. Tout d’abord, la température. Ici, les gens considèrent qu’il fait trop froid pour utiliser une piscine. »
Trop froid? Je peux comprendre qu’ils aient froid pendant l’été: nuit et jour, ils vivent dans un environnement démesurément climatisé. Mais dehors… La semaine, au retour du travail, les gens entrent leur voiture dans le garage et se dépêchent de quitter l’habitacle mobile pour pénétrer dans l’habitacle résidentiel, tous deux climatisés. La fin de semaine, ils ne sont à l’extérieur que vingt minutes, juste le temps requis pour couper leur gazon.
Deuxième motif? « Les gens craignent que l’enfant d’un voisin ne se noie dans leur piscine. »
Ce motif est sans aucun doute le plus important. La crainte de poursuites judiciaires met un frein à tout désir d’avoir une source extérieure de rafraîchissement (à part le boyau d’arrosage). Ici, la vie d’un enfant a un prix, que les tribunaux fixent à un niveau que vous ne pouvez même pas imaginer. Bien que les gens bénéficient d’une couverture d’assurance-responsabilité, ils ne veulent courir aucun risque. D’autre part, ça doit être insupportable d’être à la fois les parents d’un enfant décédé par noyade et les voisins des propriétaires de la piscine meurtrière.
Moi qui ai eu une piscine pendant 10 ans au Québec, je décide de ne pas en avoir ici…
Barbecue
Après une bonne baignade et quelques bières canadiennes, l’heure du souper approche. Notre ami commence donc à préparer l’outil culinaire par excellence de tout banlieusard qui se respecte: le barbecue. Hamburgers et hot-dogs deviennent rapidement la proie de flammes habilement contrôlées par notre hôte.
Je remarque alors que ses voisins immédiats n’ont pas de barbecue sur leur galerie arrière. Notre ami m’informe de cette particularité:
« Ici, les gens gardent leur barbecue dans le garage. Lorsqu’ils veulent l’utiliser, ils le roulent jusqu’à l’entrée du garage, font cuire les aliments et ramènent le barbecue au fond du garage quand ils ont fini. »
Je suis étonné. Généralement la cuisine est située dans la partie arrière de la maison, avec accès direct à la galerie et aux meubles qui l’agrémentent. Il serait donc logique que le barbecue soit situé à proximité.
Notre ami ignore toutefois pourquoi ses voisins agissent ainsi. Je suis intrigué. Remarquez que cela ne change pas le goût des deux hamburgers que je déguste!
Quelques semaines plus tard, je rencontre un serrurier et lui parle justement de cet étrange état de fait. Sa réponse est immédiate: « Les gens ne veulent pas se faire voler leur barbecue. »
Sécurité
Imaginez mon choc! Moi qui, durant au moins 15 ans au Québec, ai laissé mon barbecue dehors durant tout l’été, sans cadenas, système d’alarme, caméra cachée ou chien de garde. Quel inconscient étais-je?
Je prévois donc faire installer très bientôt un système de surveillance électronique de mon barbecue, avec lien direct à une centrale de surveillance, qui pourra m’avertir jour et nuit, grâce à mon téléphone mobile, s’il arrive quelque chose à ce précieux bien. Je songe également à faire appel à un service de géolocalisation (GPS), qui pourra retracer sans difficulté mon barbecue n’importe où dans le monde, en cas de vol.
Tout ça me coûtera sans doute plus de 1,000 $. Mais au moins, je pourrai dormir en paix, sachant que mon barbecue âgé de 15 ans, payé 200$ à l’origine, est désormais à l’épreuve des voleurs.
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